Alors que le gouvernement du Burundi attend des non-salariés plus de 5 milliards de francs burundais par an pour financer les élections présidentielles de 2020, la population déjà sans moyen et vivant dans l’extrême pauvreté crie haro et s’insurge contre ces contributions forcées.
Par A.N
Après quatre mois de campagne de contribution pour les non-salariés, les burundais lambda crient haro. En effet, les burundais sont sommés de soutenir financièrement les prochaines élections et en payent un lourd tribut. Qu’on le veuille ou non, et sans distinction aucune, toute personne en âge de voter (18 ans et plus) doit participer à cet « acte patriotique ».
Le récépissé de payement d’une somme de 2000 Fbu par ménage et/ou 1000 Fbu par individu (étudiant ou élève) est devenu un nouveau laisser-passer ou document pour avoir accès au service public. Le cas le plus emblématique est celui de la province de Gitega, dans la commune de Giheta, où la population s’est vue exigée ces reçus pour avoir accès au marché.
«Je viens de passer au bureau de la zone pour demander une attestation de résidence pour l’usage administratif, mais à mon grand étonnement, on m’a demandé le reçu de contributions aux élections de 2020 », se lamente une habitante de Magarama au centre urbain de Gitega.
Même pour les soins de santé au dispensaire, ajoute une femme rencontrée à Giheta, il faut montrer le reçu de papier aux personnes sont postés à l’entrée.
L’Olucome dénonce «la volonté du gouvernement de sucer le peuple » déjà affamé
Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), n’y va pas par quatre chemins : «Il s’agit d’une autre forme que le gouvernement du Burundi a trouvée pour sucer le peuple qui vit dans la pauvreté extrême.»
Il fait savoir que le Burundi est classé parmi les cinq pays les plus pauvres de la planète et a un taux de malnutrition de 60 %, tandis que plus de 70 % de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins d’un dollar par jour).
Cet activiste de la société civile parle d’un impôt déguisé, alors que le président de la république avait tranquillisé en rappelant que la contribution est « volontaire », l’ordonnance conjointe des ministères des Finances et de l’Intérieur (no 530/540/1772 du 11 décembre 2017) a fixé les modalités de payement, et les administrateurs locaux usent de tous les moyens pour soutirer la contribution aux administrés. Le budget des élections de 2020 est estimé à 70 milliards de Fbu. « On n’en peut plus ! » – c’est la réponse qui revient souvent quand les autorités locales passent demander la contribution aux populations.