Suite à la fermeture de l’ONG Handicap International, les députés s’inquiètent du sort des élèves handicapés qui bénéficiaient de l’assistance de la part de cette ONG. La Ministre l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle rassure.
Par Eugène Niyoyankunze
L’ONG Handicap International aidait beaucoup de Burundais handicapés. Au parlement aussi, on se fait des soucis, surtout pour les jeunes élèves dans les écoles qui profitaient de son assistance.
La Ministre Ndirahisha assure que le gouvernement prendra la relève. «La question des élèves qui bénéficiaient de l’assistance de Handicap International est connue du gouvernement. Ces enfants appartiennent au Burundi, ce sont nos enfants. Nous ne pouvons pas les délaisser, nous ne pouvons pas retourner en arrière».
Les bénéficiaires des projets de Handicap International n’en reviennent pas. Les responsables des centres des enfants handicapés parlent d’une perte d’un partenaire incomparable. Ils s’accordent à dire qu’il sera difficile de remplacer l’ONG Handicap International.
La commission permanente à l’Assemblée nationale en charge des questions d’éducation a rendu mercredi 16 janvier son rapport en présence de la Ministre de l’Education, de la Formation Technique et Professionnelle, Janvière Ndirahisha. Les membres de cette commission ont relevé plusieurs questions, notamment l’avenir des élèves handicapés qui étaient soutenus par l’ONG Handicap International.
Mme Ndirahisha demande aux élus du peuple d’aider pour que les élèves handicapés soient assistés : «Ils sont parmi ceux dont vous êtes les représentants».
Entre autres projets de Handicap International au Burundi, celui consistant à offrir des services en médecine physique et réadaptation pendant 5 ans (2017-2021) aux personnes handicapées, dans cinq provinces. Celles-ci sont les provinces Muyinga, Gitega, Makamba, Ngozi et Muramvya.
96 enfants handicapés y bénéficient des soins en kinésithérapie. Ce projet employait 46 kinésithérapeutes, 18 orthoprothésistes et 20 employés.
Un directeur d’un centre qui encadre des personnes handicapées dans la ville de Bujumbura qui a requis l’anonymat craint que son centre ne ferme à la suite de cette fermeture de Handicap International. Son centre comme d’autres à travers le pays bénéficiaient du soutien à la fois matériel et financier de la part de Handicap International. Elle leur octroyait des chaises roulantes, du matériel pour la fabrication des prothèses et orthèses, etc.
Coup dur pour les bénéficiaires
Ce responsable doute que le gouvernement puisse financer lui-même les centres des personnes handicapées. «Le matériel que nous utilisons est très cher et la portion du ministère de la solidarité dans le budget de l’Etat est très maigre. Il est difficile de remplacer Handicap International valablement».
Cédric (pseudonyme), jeune handicapé habitant au chef-lieu de la province Makamba, n’est pas rassuré par les propos du Ministre Ndirahisha. Il se demande si le gouvernement sera en mesure de supporter tout ce dont les personnes handicapées ont besoin. A titre d’exemple, il indique que la prothèse s’obtient à plus d’un million de francs burundais (autour de 340 euro). Or, souligne-t-il, il faut la renouveler tous les 2 ans.
Pour rappel, suite à la suspension de toutes les ONG étrangères en septembre dernier par le Conseil national de sécurité, Bujumbura a conditionné leur reprise par la présentation de quatre documents. Un plan progressif de mise en application des équilibres constitutionnels, la convention de coopération, le protocole d’exécution entre elles et le gouvernement et l’acte d’engagement de respect de la règlementation bancaire en matière de change.
Dans un communiqué sorti lundi 7 janvier, Handicap International s’y est opposée : «Etablir la composition ethnique du personnel et communiquer ces informations aux autorités constitue une ligne rouge à ne pas franchir». Cela est contre les principes humanitaires de neutralité, d’impartialité et d’indépendance auxquelles elle ‘‘est fortement attachée’’.
L’ONG Handicap International intervenait au Burundi depuis 26 ans. La santé maternelle et infantile, la réadaptation, l’éducation inclusive et l’appui aux associations étaient entre autres des domaines d’intervention de l’ONG Handicap International.