Depuis le 10 octobre 2018, les services de l’immigration rwandaise en collaboration avec le Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) délivrent les documents de voyage aux réfugiés. Bien que tous les réfugiés qui vivent au Rwanda soient éligibles à ce document, la majorité des demandeurs sont des burundais.
Par P-C.N.
Les « Documents de Voyage de la Convention sur le Statut de Réfugié Lisibles à la Machine » (MRCTD) permettront aux réfugiés de voyager à l’étranger pour affaires, éducation et autres opportunités, influençant ainsi positivement leur vie, selon Jeanne d’Arc de Bonheur, ministre rwandaise, chargée des questions des réfugiés. Ce document (passeport) a une validité de 5 ans, permettra aux réfugiés de voyager, ce qui est important pour leur autonomie et réduire leur dépendance, selon les responsables du HCR. Le HCR a indiqué qu’un stock de 20 mille pièces est déjà disponible.
Le demandeur se présente à l’immigration, muni d’un formulaire de demande bien rempli, de l’attestation de résidence délivrée par le chef de secteur ou le président du camps de réfugiés, d’une copie de la carte d’identité pour réfugiés ou de l’attestation de réfugiés, d’une photo passeport et d’un reçu de payement de 10 mille Francs Rwandai (12$).
Pour les enfants de moins de 16 ans, en plus de ces documents, ils doivent se présenter avec leurs parents ayant le statut de réfugié valide.
Un mois après le lancement de cette initiative, les services de l’immigration indiquent que plus de 1000 passeports ont été déjà délivrés. Plus de 80% de ces documents ont été reçus par les réfugiés burundais.
Les bénéficiaires se disent satisfaits.
Inès Irakoze, une burundaise de 25 ans n’en revient pas. “ Moi je suis femme d’affaires. Dans mon commerce, je m’approvisionne en Ouganda, en Tanzanie, au Kenya et même à Dubaï. Alors que mon passeport que j’avais eu avant de m’exiler est expiré, ce nouveau document de voyage est ma seconde chance. Une clé pour la vie et pour mes affaires ”.
Inès, comme d’ailleurs ses compatriotes, affirment qu’avant l’octroi de ce document, leur vie était presque fermée et franchir les frontières au-delà du Rwanda, était des rêves qu’elles ne pouvaient pas se permettre.
D’autres encore indiquent avoir raté des opportunités de travail car n’ayant pas de document de voyage. Franck Kaze, journaliste burundais réfugié à Kigali, affirme qu’il a eu des opportunités de travail dans plus de 3 pays de l’Afrique de l’Ouest et qu’il a malheureusement eu le problème de document de voyage valide et valable. “Mon passeport burundais était déjà expiré et par conséquent j’ai été obligé de décliner le contrat alors qu’il était mieux offrant”, dit-il.
Un problème partagé avec un bon nombre d’autres activistes de la société civile et des professionnels des médias, des ingénieurs, des enseignants et bien autres intellectuels burundais réfugiés à Kigali.
Toutefois, les réfugiés estiment que le prix pour l’acquisition de ce document est exorbitant, du moment qu’ils n’ont pas de travail rémunéré. Ils demandent au HCR de payer la totalité des frais pour que ce passeport soit gratuit. Ce document donne l’accès dans tous les pays du monde sauf celui d’origine du réfugié. Cependant, le Kenya et la Tanzanie n’accueillent pas facilement les détenteurs de ce document et un visa d’entrée (de 50 dollars) est exigé pour les usagers de ce genre de passeport. Pour rappel, le Rwanda héberge plus de 172.000 réfugiés dont plus de 53% sont d’origine burundaise.