Par Millicent Zighe
Le gouvernement burundais subit de plus en plus de pressions pour que les détenus politiques soient libérés, à commencer par ceux qui ont déjà purgé leur peine ou ont été acquittés par les cours et tribunaux, à la suite d’un nouveau rapport selon lequel les prisons du pays sont devenues des refuges de torture et de violations des droits de l’homme.
Le rapport de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) affirme que les prisons burundaises ont une capacité presque six fois moins supérieure à celle des détenus auxquels elles étaient destinées et autorisent les milices Imbonerakure à y pratiquer la torture. Muramvya, par exemple, n’a la capacité d’accueillir que 100 prisonniers, mais le nombre actuel de détenus est de 657.La prison de Mpimba compte en revanche 3 584 prisonniers, soit quatre fois plus que la capacité de réelle de la prison. Rumonge et Gitega comptent respectivement 1 199 et 1 180 détenus. Rumonge a une capacité de détention de 800 personnes alors que celle de Gitega est de 400. Sur 6 620 détenus dans ces quatre prisons, seuls 3 802 – soit un peu plus de la moitié – ont été condamnés.
Les conclusions et les demandes de l’ACAT étayent les rapports de surveillance hebdomadaires de SOS Torture / Burundi, une organisation de la société civile qui documente des arrestations et des assassinats arbitraires. Depuis le début de l’année, SOS Torture a documenté au moins 200 cas d’arrestations arbitraires de partisans de l’opposition au Burundi, dont on ignore où se trouve le lieu de détention.
L’ACAT Burundi est une organisation de la société civile qui a appelé à plusieurs reprises la population à organiser des manifestations pacifiques pour exiger le respect de la constitution et de l’accord historique d’Arusha pour la paix et la réconciliation, à la suite de la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat en avril 2015.
L’ACAT, qui est également membre de la fédération internationale des ACATS (FIACAT), elle a continué de surveiller les violations graves des droits de l’homme commises au Burundi, en mettant un accent particulier sur le milieu carcéral, elle a aussi milité pour l’abolition de la peine de mort au Burundi. Fin novembre 2018, les prisons du Burundi détenaient 10 000 détenus, soit deux fois et demie leur capacité de 4 000. Le président Pierre Nkurunzinza a récemment ordonné la libération des détenus inculpés de délits mineurs. C’est la troisième fois depuis que le pays est plongé dans un conflit de faible intensité après avoir choisi de se présenter pour un troisième mandat controversé en 2015. En règle générale, les détenus ne bénéficient d’aucune assistance juridique ressources limitées pour les prisons – telles que fournitures de santé et nourriture. Une mauvaise hygiène, la malnutrition et le manque de soins de santé sont synonymes de prisons. Les défenseurs des droits de l’homme ont qualifié ces conditions de menaces mortelles et ont appelé à des réformes immédiates.
Imbonerakure, la milice politique de la jeunesse affiliée au parti au pouvoir au Burundi, se serait fait passer pour des membres des comités de sécurité des prisons, ce qui leur permettrait de rendre visite aux détenus et de les déchaîner. Le groupe a également été accusé d’avoir attaqué et arrêté des membres du parti d’opposition dans leur ville fortifiée de Bujumbura.
Bien que les autorités pénitentiaires aient autorisé les détenus à enregistrer leurs plaintes auprès du pouvoir judiciaire, les enquêtes n’ont pas beaucoup progressé. Au lieu de cela, le gouvernement a nié ces allégations, perpétuant encore ces atrocités contre ses détracteurs. L’ACAT note que les personnes qui sortent des prisons sont traumatisées par leurs expériences et ont un besoin urgent de conseils. Cependant, le gouvernement n’a de même pas investi dans des centres de réadaptation pour aider les ex-détenus à se débarrasser des souvenirs douloureux de leur passé déchirant.
L’ACAT regroupe 72 défenseurs des droits de l’homme burundais qui surveillent et documentent les cas de torture. Depuis sa création, le groupe a réussi à faire pression sur le gouvernement burundais en faveur de l’abolition de la peine de mort. Les gardes de sécurité de la prison ont également été formés à la gestion des prisonniers. L’ACAT a insisté pour que le gouvernement burundais traite d’urgence les auteurs de violations des droits de l’homme afin de restaurer son image sur la scène internationale. Parmi ces auteurs figurent les autorités pénitentiaires qui n’ont pas rempli leur rôle de la manière attendue.